Echoes
6.7
Echoes

Manga de Kei Sanbe (2017)

Et le coupable était le colonel Uchiha

Cette fois, je critique le bon Echoes. Enfin, le « bon »… celui qu’on m’a désigné en tout cas. ettons-le d'emblée, et avec insolence pour dissimuler la gêne : j'ai initialement lu le mauvais titre que l'on m'avait recommandé et me suis fourvoyé dans la lecture d'un obscur Manhua dont je vous gratifierai en bonus, veinards, la critique erronée alors écrite pour l'occasion. La critique étant alors moins erronée que l'œuvre en elle même, mais un écho à la fois, je vous prie.


Finalement, que je tombe sur le mauvais titre au départ aura peut-être été un mal pour un bien, ça m’aura inconsciemment conditionné à pondérer mon jugement dès lors où je pris compte qu’il existait pire. Bien pire.

Qu’on ne s’y trompe pas toutefois, le fait d’être meilleur ne signifie pas être au niveau.


Je lis ici une œuvre que je sens inspirée – sinon en communion – avec ce qu’a pu écrire, ou plutôt dessiné, un certain Boichi. Ce qui m’a finalement le plus conforté dans cette idée tenait à la forme des lèvres de ces dames. Je parle de celles sur leur visage, car dès lors où l’on parle de Boichi, la précision importe.

Elles ont, pour certaines, une bouche de poisson rouge en forme de ventouse. Paraît que ça les rend plus sexy. Il est vrai que nombre de mâles s’émoustillent devant les aquarium ; voilà un auteur qui a tout compris au charme et à l’érotisme. À cela, et à la saine construction scénaristique.


Echoes répond en écho à Echoes en ce sens où, ici aussi, le personnage principal est immaculé, imbibé dans la perfection même. C’est une sorte de mercenaire de bahut qui, parce qu’il est très fort, très intelligent, très ténébreux et très inintéressant, triomphe des PNJ loubards pour remplir à bien sa quête ; celle visant à nous rappeler, à chaque occurrence envisageable, à quel point il est parfait. Il est débonnaire, intelligent, la nana la plus sexy du lycée est son amie d’ici à ce que l’intrigue, en fin de parcours, n’en décide autrement… Oui, il est parfait.


Parfaitement insignifiant ; inodore, même. Rien ne se dégage de lui, le papier serait-il ici transcrit en musique que les traits amenés à le constituer se dissoudraient pour ne plus former qu’un silence absolu. Qui s’intéresse à de pareils personnages ? Qui y croit ? Qui se sent de s’y référer ? Qui s’y projette ? Qui se souvient de lui un mois après ? Il n’a rien de marquant pour l’illustrer, que ce soit en bien ou en mal. Il n’a d’ailleurs même pas le luxe d’être banal, puisque cela, dans le milieu manga, sortirait paradoxalement de l’ordinaire.


Pour ne pas se risquer à l’originalité, l’auteur a naturellement doté son protagoniste principal d’une enfance dramatique dont il a su surer les traumatismes par la force de… la narration ? Sa famille a été assassinée lorsqu’il était enfant puis, ô surprise – et pas une bonne – voilà qu’il retrouve l’assassin par hasard en regardant la télé. Les probabilités pour qu’il se soit trouvé devant l’écran à ce moment précis, qui plus est sur la bonne chaîne confinent au milliardième de pourcent. Heureusement que ces gros cons de lecteurs méritent amplement qu’on insulte leur intelligence, car s’il avait fallu les respecter, ces gens-là, il aurait été nécessaire et même primordial de commettre quelques efforts scripturaux avant d’accoucher d’une œuvre. Ne pas tout devoir au hasard par exemple, aurait été une amorce bienvenue et porteuse d’une intrigue potentiellement mieux travaillée.

Un mangaka qui dessine sans savoir écrire n’est pas un auteur, mais un photocopieur.


Vous voulez rire – au moins vous ressentirez quelque chose grâce à Echoes – le é de notre héros est… littéralement, celui de Sasuke. On pourrait se moquer, même qu’on va le faire, mais on va le faire en considération de plusieurs éléments. Echoes, avec son histoire de bête – très bête – vengeance a littéralement plagié celle d’un autre manga de renommée internationale. Qui plus est, c’est un Seinen qui puise ses idées dans un Shônen, c’est-à-dire un ouvrage destiné à un public plus jeune et, en principe, moins exigeant pour ce qui concerne la trame. L’auteur, ceci considéré, ou plutôt inconsidérément, s’est sans doute persuadé que personne ne se ferait la remarque en le lisant.


Ça saute aux yeux, à un point où on ne voit même plus que ça. Et pour cause, Echoes n’a rien d’autre à offrir pour au moins occuper notre regard ailleurs.


Kazuto est mort, mais il n’est pas mort, sa copine a elle aussi eu une enfance dramatique – pour changer – et puis ces sempiternels messages feel good « Nan mais, faut sourire tu vois, et puis la vie en fait, tu vois, elle devient mieux en fait », tout cela donne une impression de bâclé assez prononcé et je m’en foutiste. Lorsque l’on n’a rien à dire, on s’en remet aux platitudes d’usage et, de ces platitudes, Echoes en fait résonner le temps de plusieurs volumes n’ayant pour eux ni allant ni entrain, ni nouveauté.


Me demanderait-on d’écrire un scénario de vengeance bateau en moins de vingt-quatre heures que j’aboutirais à un rendu plus élaboré et intéressant. Non pas du fait que je sois un surhomme, mais parce que je lis encore ici une de ces histoires écrites sans que personne ne sache trop pourquoi elle a vu le jour. L’édition manga, par les temps qui courent, est une usine à néant concentré qui ne sait même pas pourquoi elle fonctionne, mais dont tous les manœuvres s’emploient chaque jour à actionner le moindre levier pour aboutir sans cesse aux mêmes résultats déplorables.


Les séquences d’action brutales, d’abord rafraîchissantes, se banalisent vite au point même de devenir franchement ridicules, côtoyant de peu le registre Furyo en fin de troisième volume.


N’ayant eu sous le coude que la version française n’étant encore pas allée au bout de l’œuvre originelle, j’ignore qui est ce mystérieux tueur. Si je devais mettre mon billet sur un coupable potentiel, je dirais que c’est la fille. Qui qu’il soit, on s’en fout, ce poisseux polar n’était pas parvenu à faire naître le moindre enjeu et donc, le plus petit intérêt qu’on puisse éprouver à son égard. On retiendra peut-être deux combats impliquant une matraque électrique ; voilà pour la postérité.

C’est toujours ça de pris. De pris, puis de jeté.


Bonus : La critique du Manhua Echo


Titre : Voilà pourquoi je ne critique pas les Manhuas


Savez-vous ce qui crie le mieux « prétention » dans une œuvre graphique quelconque ? C’est encore ces encarts où la narration, d’emblée, avant qu’un semblant d’intrigue n’ait été seulement défloré, nous assomment sous leurs messages classouilles.


« Chaque son représente une vision différente, mais à la fin, elles tombent toute dans l’éternel silence ».


C’est beau comme un billet de Skyblog écrit par un collégien en 2005. Au moins, il n’y a pas faute d’orthographe. Ce qui est dommage à bien y réfléchir, car cela aurait moins distingué l’œuvre par un semblant d’originalité et d’authenticité. Car tenez-le vous pour dit, Echoes pèche méchamment par ses carences en sincérité.


Tout est emprunté, à commencer par les grands airs de nos protagonistes, rien ne cherche à sentir le vrai, il n’y a que des effets, mais pas de corps à l’œuvre ; un maquillage vulgaire sans les aspérités visage.


Et c’est un Manhua.


« Mais non » m’assurera-t-on. « C’est publié dans un périodique japonais, par un auteur japonais et la classification commune le reconnaît comme un manga, y’a pas à tortiller du cul ; c’en est un ».


Bien sûr. Et un rat, né dans une écurie, parce qu’on lui met des fers aux pattes et qu’on le laisse à son box, pourra nécessairement courir dans un hippodrome. Lisez-le ; infligez-vous trois pages seulement s’il le faut – il n’en faut guère plus pour voir faire demi-tour – et vous serez contraints de me donner raison. C’est un Manhua. On peut couper les cheveux en quatre sur le crâne à Kojak : c’est un Manhua.


Mal inspiré fut celui à m’avoir conseillé cette lecture. Je hais déjà le Manhua par principe. Le ing est dysfonctionnel par essence, les dessins y sont lisses, exagérément travaillés à l’ordinateur, les couleurs dépourvues de nuance et les traits semblables à mille œuvres analogues. Qui se plaint que le style de dessin sévissant dans le milieu Shônen ou Shôjo souffre d’une incapacité à se distinguer devrait s’essayer au Manhua pour relativiser. J’ai beau trouver que les styles de mangakas Shônen ont souvent tendance à se commettre quelques lourds emprunts entre eux, c’est incomparable avec le style coréen où il n’existe virtuellement qu’un seul style graphique partagé par l’ensemble des autres.

M’endre à critiquer Echoes, c’est m’encourager à commettre un marathon après m’avoir mis un caillou dans la chaussure ; on espère forcément une issue dramatique suite à pareille démarche.


Le ing y est même ici plus bordélique que dans les œuvres analogues. Les dialogues sont réduits à la portion congrue et ne témoignent que trop peu d’éléments pour s’en satisfaire et, parfois même, pour seulement comprendre.


Vous savez, c’est l’histoire de ce personnage-là. Il peut s’appeler Luo Lee ou même n’importe comment, ça n’a pas d’importance. Il est parfait sur tous les plans, insipide au possible et, par la magie d’une intrigue blasée, obtient des pouvoirs surnaturels pour triompher de tout. Ah il était bien ce perso, mais avec ces pouvoirs costauds, il devient meilleur.


C’est une écriture fainéante en plus. Y’a même de concept derrière. Pas d’ossature, pas d’organes, je vois pas une œuvre avec du corps, je lis dans une flaque. Et je vous dirai pas une flaque de quoi, manquerait pu que je m’abaisse à devenir vulgaire. Hors de question de m’avilir pour si peu. Si peu que c’en est d’ailleurs rien.


Les poncifs et les clichés, je n’y suis que trop habitués, mais je relativise ma peine à chaque nouvel élan de fainéantise dont je me retrouve le témoin malheureux. Echoes a tout d’un exécrable Shônen, mais il en a moins. L’auteur ne cherche même pas à simuler une emphase, un enthousiasme ou une impulsion quelconque ; lui-même ne croit pas à ce qu’il écrit et c’est tant mieux, car il ne croirait alors en rien. La nana placide et hautaine, tout le cheptel qui suit… non…


Eh puis, à force de m’étonner qu’on ait pu me recommander ça, je me suis dit « C’est pas possible, je me suis encore gourré de manga à critiquer »


Et c’était bien ça. J’ai tapé « Echoes, manga read online » et ça m’a traîné sur cette… ne soyons pas vulgaire. Du coup, on se retrouve prochainement avec la critique du vrai Echoes, de Kei Sanbe, cette fois.

Au moins, chacun saura à cette occasion en quelle estime je tiens les parutions coréennes et chinoises dans le milieu de la bande dessinée.


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Josselin Bigaut

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