Il y a relativement peu de films qui ont vraiment su exploiter le concept de virus de façon équilibrée. Un Pandémie dont l'ampleur de la crise est gâché par des personnages aux comportements clichés agaçants, un Alerte ! qui finit par sacrifier ses thématiques pour un happy end patriotique assez malvenu, un Ebola syndrome complètement nanar... Il n'y avait guère que Contagion de Soderberg qui parvenait à un équilibre, en demie-teinte, mais constant dans l'effort et sans gros désamorçage, ainsi que l'excellent The crazies de Romero, hélas boudé pour la mollesse de sa tension et les parties rébarbatives avec les survivants non contaminés (la partie avec les militaires était en revanche ionnante, malheureusement conclue par une absence de fin désastreuse, que le remake réparera). Et il y a, oublié de tous, mortel.
mortel a peu de budget, mais s'attaque à son accident biologique avec un sérieux scientifique qui fait tout de suite mouche. Présentation des locaux, des procédures de sécurité, de l'accident, et suivi des mesures de quarantaine qui ne sont jamais exagérées ou caricaturales. En traitant d'un virus décuplant les pulsions agressives, le film parvient même à justifier certains excès de comportements de personnages, parvenant à arrondir les angles et à ne jamais trahir son postulat. Autant de rigueur scientifique dans une petite série B, ça fait immédiatement plaisir, et l'ambiance fonctionnera à merveille jusqu'à la fin. Il est satisfaisant de voir un film logique qui veut conserver sa rationalité au cours de son évolution, et celui ci est dans son genre un modèle. Alors pourquoi un timide 6/10. Essentiellement parce que l'échelle du problème ne dégénère pas autant que prévu (ce qui n'est pas totalement satisfaisant quand on fait le bilan, mais logique dans la façon dont le film l'a exploité), et que la violence trop timide, toujours en hors champ, peine à conserver le dynamisme dans le dernier tiers du film. Nous sommes toujours intéressés, mais cela se ramolli un peu, surtout au regard des promesses du segment de milieu, qui montre les premiers signes d'agressivité. Pour le reste, tout est logique et cohérent, on ne doute pas qu'une crise similaire serait traitée de la même façon (seules les procédures sanitaires seraient aujourd'hui plus lourdes).
Bonne série B qui sait comment exploiter son budget et créer de la tension avec pas grand chose d'autre que des figurants en blouse blanche et quelques lampes UV.