Des preuves d'amour
7.6
Des preuves d'amour

Film de Alice Douard (2025)

Angle bleu

Ravie d’avoir assisté à l’avant-première de Des Preuves d’amour à la Cinémathèque ce soir. Je ne me souviens pas avoir vu un film capter avec autant de justesse ce moment si particulier : la préparation à l’arrivée d’un enfant. Et encore moins au sein d’un couple de femmes. Il était grand temps qu’un tel film voie le jour. C’est drôle, profond, bouleversant — parfois hilarant — et aussi dérangeant, parce qu’il ose mettre des mots sur ce qu’on préfère souvent taire : le narcissisme des parents, la peur, la déformation de soi au nom de l’amour. Le tout porté par un scénario affûté, une bande-son magnifique (Disclosure – You & Me, entre autres), et trois actrices sublimes : Ella Rumpf, Monia Chokri, Noémie Lvovsky — justes, du début à la fin. Ce film tend un miroir à chacun de nous… Et pourtant — donnez-moi un Steinway, n’importe quand. Noémie Lvovsky est bouleversante —et Monia Chokri, une révélation. Courez le voir au ciné vite !

Mes pensées le jour après : Ce qu’Alice Douard capte avec tant de justesse à l’écran — grâce à une superbe photographie (mention spéciale aux scènes dans les transports parisiens) — c’est toute la complexité de ce trio féminin. Ella Rumpf incarne Céleste : une lesbienne magnifique mais pudique, qui vacille doucement sous le poids émotionnel d’une mère géniale et envahissante. Sa fragilité, son “pauvre moi”, n’est pas de la faiblesse — c’est une réponse, un héritage. Et tout cela prend encore plus de sens… au Steinway. On se demande si Douard n’est pas une iratrice de La Pianiste de Haneke…. En contraste, Monia Chokri est bouleversante en Nadia — plus âgée, plus ancrée, douloureusement consciente que c’est maintenant ou jamais. Son tour de porter l’enfant est venu, et l’horloge tourne. Les préjugés sociétaux sont difficiles à regarder, mais l’humour fait mouche — sans jamais éluder la vérité. Et puis Noémie Lvovsky, dans le rôle de Marguerite, livre une performance discrètement dévastatrice. Cette scène où elle touche le ventre de Nadia, saisie en photo à son insu, est aussi douce que rusée : elle révèle, dans toute sa superficialité, l’absurdité du droit français. Supériorité, distance… voire vengeance, distillées dans cette lettre aux accents istratifs qu’elle rédige pour le tribunal. Mais au fond — sur qui pèse vraiment le jugement dans ce film ? A voir

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