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On croyait revenir à du connu. Dragons, encore. Mais non — pas vraiment. Dean DeBlois n’adapte pas, il transfigure. Ce n’est plus de l’animation, c’est du souffle. Du feu dans les rétines, une chair nouvelle sur des os familiers. Harold — ou plutôt Hiccup, en version brute — devient chair et sang. Mason Thames, silhouette fêlée d’un ado encore en guerre contre sa place, en guerre contre son père, en guerre contre lui-même. Et Krokmou, Krokmou qui respire cette fois, qui vibre, qui se cabre dans l’espace réel. Les pixels ont mué en peau.
L’histoire, elle, n’a pas changé. Un garçon, un dragon, une île de guerre. Mais tout s’est déplacé d’un millimètre — et ce millimètre fait tout. Parce que cette fois, le monde ne flotte plus. Il tombe, il pèse. Il nous entraîne dans le granit des falaises, la morsure du vent, la sueur d’un clan qui ne pardonne rien. Stoïck, toujours Gerard Butler, revient comme une enclume. Brut, massif, obsédé par l’ordre. Et la guerre.
C’est Bill Pope qui photographie cette renaissance, et ça se voit. Chaque plan semble respirer. Chaque lumière mord. L’Islande devient mythologie. Le ciel — vaste, ouvert, parfois noir comme une pensée qu’on refoule — avale les corps minuscules qui y volent. Les couleurs ? Trop réelles pour être sûres. Bleu acide, rouge sec, brume vivante. La mise en scène laisse le souffle courir. Rien n’est appuyé, tout est tendu.
John Powell revient. Et il ne répète pas. Il déplie, recompose, troue sa propre partition pour la rendre presque charnelle. Cuivres grondants, cordes stridentes, silences — surtout les silences. Ceux où Krokmou regarde, sans bruit. Ceux où Harold hésite. Ceux qui crient sans son. Le son, ici, c’est une blessure continue. La musique parle moins d’émotion que de seuil.
Mais le vrai miracle, c’est la texture des dragons. Ils ne sont plus mignons. Ils sont là. Présents. Vibrants. Parfois terrifiants. Krokmou, avec ses yeux larges comme des lacs, te fixe, et tu sens que quelque chose d’ancestral regarde en toi. La complicité entre lui et Harold se dit dans l’absence. Dans des gestes timides. Dans une main tendue. Et le reste, ce sont les autres — les enfants, les figures secondaires, les râles du clan — tous dessinés dans un demi-réel, une brume de conte féroce.
Ce n’est pas un film pour enfants. Pas seulement. C’est une initiation à la perte. À l’acceptation. À la douleur muette qu’on cache derrière l’héroïsme. Il y a un message, bien sûr — la paix, l’altérité, le lien. Mais ce n’est pas un slogan. C’est une vibration. Et elle te reste dans les os.
Et puis vient la fin. Pas explosive. Pas triomphale. Juste nécessaire. Lâcher. Choisir. Comprendre. C’est un film qui parle d’apprivoiser — mais pas l’autre. Soi-même. Et c’est là que Dragons 2025 devient un film à part. Ce n’est pas une réadaptation. C’est une mue.
Note de 14 sur 20. Pour ceux qui ont grandi, puis oublié comment voler.