Grand Tour
6.4
Grand Tour

Film de Miguel Gomes (2024)

Vécu pluriel d'une histoire

Avec Grand Tour, Miguel Gomes orchestre un voyage à la fois dans le temps et dans l’espace, où l’Histoire, jamais linéaire, dévoile des récits multiples qui dialoguent entre eux, créant une mosaïque d'instants humains, aux réalités plurielles.

En s'affranchissant des codes de la narration cinématographique, le cinéaste portugais compose une œuvre hybride, à la fois récit et commentaire, qui mêle documentaire, fiction et expérimentation visuelle. Si la démarche peut apparaître au premier abord expérimentale, il faut accepter de se laisser guider pour en apprécier la beauté.

Chaque fragment de Grand Tour s’impose comme une œuvre à part entière, où des temples enneigés côtoient des forêts de bambous artificielles, et où un rond-point vietnamien devient le théâtre d’une valse viennoise. La photographie capte autant la texture des paysages que les cicatrices laissées par l’Histoire, tandis qu’une bande-son lyrique enveloppe le spectateur dans une atmosphère onirique.

En détournant l’idée du "Grand Tour" aristocratique européen, Gomes propose une critique subtile des idéaux coloniaux et des prismes culturels occidentaux. Les personnages, bien que souvent réduits à des archétypes, sont profondément humains dans leurs désirs, leurs échecs et leurs contradictions.

Grand Tour n’est pas une œuvre qui se livre au premier regard. Elle exige du spectateur une navigation active dans ses images, une acceptation de l’ambiguïté et une ouverture à l’interprétation. Miguel Gomes nous rappelle que l’Histoire, loin d’être un récit figé, est un dialogue permanent entre le é et le présent, une quête de sens infinie, mouvante, cyclique.

8
Écrit par

Créée

le 8 janv. 2025

Critique lue 41 fois

5 j'aime

cadreum

Écrit par

Critique lue 41 fois

5

D'autres avis sur Grand Tour

Une longue revanche de fiançailles

Le manège qui ouvre Grand Tour est une invitation qu’il faut garder en mémoire lorsqu’on s’embarque dans cet étrange voyage : la dimension ludique du dispositif ne sera jamais à perdre de vue,...

le 28 nov. 2024

26 j'aime

3

Voyage avec la tête

Qui n'espérait pas retrouver la magie de Tabou dans Grand Tour, le nouvel opus de Miguel Gomes, encore plus expérimental, toujours romanesque et très travaillé ? C'est très beau, dans l'ensemble,...

le 1 juil. 2024

10 j'aime

2

Meilleur film d'épouvante 2024

Vous connaissez l'émission d'Antoine de Maximy, J'irai dormir chez vous ? Grand Tour est la version longue de l'émission, en double. On s'explique : voici l'histoire d'un homme qui ne veut pas...

Par

le 28 mai 2024

6 j'aime

Du même critique

L'obsession et le désir en exil

Luca Guadagnino s’empare de Queer avec la ferveur d’un archéologue fou, creusant dans la prose de Burroughs pour en extraire la matière brute de son roman. Il flotte sur Queer un air de mélancolie...

Par

le 14 févr. 2025

30 j'aime

1

Maria dans les interstices de Callas

Après Jackie et Spencer, Pablo Larrain clôt sa trilogie biographique féminine en explorant l'énigme, Maria Callas.Loin des carcans du biopic académique, Larraín s’affranchit des codes et de la...

Par

le 17 déc. 2024

29 j'aime

4

Traumas des victimes murmurées

Sous la main de Tim Mielants, le silence s'immisce dans chaque plan, une ombre qui plane sur l’âme lugubre de son œuvre. La bande sonore, pesante, s’entrelace à une mise en scène austère, plongeant...

Par

le 20 nov. 2024

28 j'aime

1