Bon, le troisième long-métrage d'Oz Perkins ne réserve pas trop de surprises quant au sous-texte à interpréter sur le fond de la proposition : Gretel n'est évidemment pas en première position dans le titre pour rien, on a encore affaire à un récit qui, sous couvert de la relecture du fameux conte des frères Grimm, entremêle age de l'enfance à l'âge adulte et émancipation féminine, une donne (re)devenue omniprésente dans le cinéma d'épouvante indé contemporain depuis "The Witch" (personnellement, j'avoue arriver un peu à saturation sur le sujet).
Cela dit, même si le film n'évite parfois pas l'écueil du symbolisme un brin lourdingue, notamment d'ordre sexuel
(sans trop en dire, un lever de gros bâton avec une substance gluante... oui, ça n'y va pas avec le dos de la cuillère !)
il faut reconnaître que, dans l'ensemble, il construit son discours de manière solide et mêle habilement ses thématiques, surtout sur les choix inhérents à cette émancipation (que faire du "pouvoir" qu'elle induit ?), à sa vision du fameux conte et à ses nouveaux développements (le background autour de la sorcière est un ajout scénaristique ionnant dans cette optique).
Mais, plus que tout, c'est bien entendu la plastique assez dingue de ce "Gretel & Hansel" qui est son atout le plus magnifique ! De ce point de vue, Oz Perkins signe son film le plus esthétiquement abouti, d'une beauté lugubre incontestable, rappelant sur certains aspects le caractère austère de "The Witch" par l'âpreté qui suinte de son univers et la raideur démente de l'architecture de certains décors mais auquel vient également s'ajouter ici la noirceur primaire du conte de fée et de ses allégories dissimulées dans le crépuscule de l'enfance.
Bref, avec cette collection impressionnante de tableaux qu'il propose par sa montée en puissance dans le fantastique sordide, la musique envoûtante de Robin Coudert et son excellent trio d'acteurs principaux (encore un grand numéro de la jeune Sophia Lillis), "Gretel & Hansel" ne peut qu'hypnotiser et nous perdre avec plaisir dans les ténèbres de son atmosphère occulte... comme des enfants s'étant aventurés un peu trop loin dans les dédales d'une forêt qu'ils pensaient pourtant bien connaître...