Des films de plateforme dont on se souvient, il n’y en a pas vraiment beaucoup. Mais des films de plateforme extrêmement réussis et, en plus, avec une identité marquée, qui frappent l’esprit et dont on risque de se souvenir longtemps, il y en a vraiment très peu. Certes, « The Assessment – L’Évaluation » a eu droit à une sortie extrêmement limitée en salles mais il a vite été récupéré par Prime. Et il fait aisément partie de cette catégorie malheureusement trop rare également peuplée par, au hasard et par exemple, « Fair Play » sur Netflix.
Ce qui étonne le plus à la vision du produit fini, c’est que c’est une première œuvre. Une telle maîtrise aussi bien formelle que thématique est impressionnante et on la doit à une frenchie venue du clip, Fleur Fortuné. Dans le rayon très prisé et à la mode des dystopies, elle imagine un huis-clos psychologique de haute volée où elle expose des sujets aussi pertinents et ionnants que le futur de notre Terre, la fertilité, la parentalité, les rapports de couple et même l’aspect politique de tout cela. C’est mêlé dans un projet qui nous présente un futur inédit et inventif où seul le contrôle des naissances a déjà été traité ailleurs, mais de manière différente.
Dès les premières images, on sent une patte innovante et quelque chose de rare. Il y a quelque chose qui se fait ressentir. Heureusement, « The Assessment – L’Évaluation » garde le cap durant près de deux heures. Mieux, il dée nos attentes en développant son postulat singulier de manière jusqu’au-boutiste. On y suit un couple dans un futur indéterminé vivant dans une sorte de bulle avec leur maison dans le désert. Un couple qui souhaite avoir un enfant sauf que les naissances et les procréations sont contrôlées pour la survie de la planète. Une agente de l’État va venir er une semaine avec eux pour constater (ou non) s’ils peuvent et méritent d’être parents. À partir de là, Fortuné va aller au bout de son sujet, s’approchant parfois de l’excès en nous régalant mais sans jamais partir dans le ridicule assumé comme avait pu le faire la claque magistrale « The Subtance » par exemple. On reste dans le sérieux, jamais dans la satire extrême.
La néo-cinéaste s’est appuyé sur un trio d’acteurs incroyable pour appuyer sa vision. Si Himesh Patel est irréprochable et qu’on voit d’autres protagonistes lors d’une scène de repas génialissime qui permet de mieux cerner et comprendre cet univers, on n’a d’yeux que pour le duel entre Elizabeth Olsen et Alicia Vikander. La première confirme tout le bien que l’on pense d’elle (d’un des meilleurs personnages de Marvel à ses débuts dans « May, Mary, Martha, Marlene ») quand la seconde livre une prestation complètement barrée et proprement géniale dont on se souviendra. Elle aurait pu être ridicule avec ce que le scénario lui demande de faire, il n’en est rien. On n’en dira pas plus mais elle mériterait une nomination aux prochains Oscars.
Le récit pourrait apparaître plat mais il fait monter le curseur de la frustration chez le spectateur qui subit autant que le couple testé, les provocations de cette agente. La tension monte scrupuleusement. L’ambiance devient malsaine, étouffante. Mais le film ne se contente pas de déranger, il explore ses thèmes et la révélation finale donne du cœur à l’ensemble jusqu’à un épilogue imposant qui ouvre encore plus le champ des possibilités d’un film surprenant. Et qui laisse sur nous son empreinte nostalgique et désespérée. Et pour en rien gâcher, le long-métrage a sacrément de la gueule avec une esthétique travaillée, à la fois sobre et unique, de toute beauté. Un petit coup de cœur pour un grand premier film.
Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma ion.