The Dark Mirror fait partie de cette vague de films psychologisants dont je parlais dans ma critique de La Fosse aux serpents. Et on peut lui faire exactement les mêmes reproches.
Olivia de Havilland est de nouveau à l’affiche, cette fois dans un double rôle : elle incarne deux sœurs jumelles. Et il faut le dire, elle le fait avec brio. À une époque où les CGI n’étaient même pas imaginables, les scènes où les deux sœurs interagissent sont une vraie prouesse technique et d’interprétation.
Cela dit, l’approche reste simpliste. Il y a eu un meurtre. L’une des deux sœurs est coupable. Et il ne faut pas être grand clerc pour deviner laquelle. L’une est douce, effacée, innocente. L’autre est arrogante, jalouse, entreprenante. Devinez ?...
Encore une fois, une femme ne peut être que douce et soumise. Sinon, elle devient une menace. À une époque où les femmes commencent à s’émanciper, on sent poindre ici les peurs d’un monde masculin qui vacille. Pas de personnage complexe, pas de vraie intériorité, pas de conflit intérieur à traverser. Juste deux clichés : Ruth, la gentille, et Terry, la mauvaise. Terry n’a pas d’histoire, pas de profondeur. Elle est réduite à une menace. Et Ruth n’est pas mieux servie. L’une est le négatif de l’autre, et aucune des deux ne dée sa fonction.
Comme dans La Fosse aux serpents, les hommes tiennent les rênes. Le Dr Scott est celui qui sait, qui observe, qui manipule pour faire éclater la vérité. C’est lui qui décide du sort de la "malade". Et la scène finale vient parachever le tout : il épouse la jumelle « innocente ». L’ordre est restauré, la norme bien ancrée.
Et cette dernière réplique, franchement…
Et maintenant, puis-je vous poser une seule question ? Pourquoi êtes-vous tellement plus belle que votre sœur ?
Même si elle est censée parler de beauté intérieure, le message e très clairement : "la vraie femme" est douce, gentille, jolie, et fait plaisir à l’homme. Ruth coche toutes les cases. Et le pire, c’est qu’elle sourit, comblée. Elle s’y conforme. Et elle y trouve son bonheur.