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Le monde est un tableau de chiffres, et Christian Wolff en est le peintre. Dans Mr Wolff 2, il reprend ses pinceaux, non pour créer, mais pour effacer. Ben Affleck revient dans ce rôle taillé au scalpel, ce comptable autiste à l’exactitude presque inhumaine, l’homme aux silences coupants, aux gestes millimétrés, qui décode la violence comme d’autres lisent un bilan. Le film s’ouvre sans fracas mais avec une pulsation sourde : un meurtre, un désordre discret dans un monde que Wolff croyait déjà déséquilibré. Et Medina, désormais haut placée au Trésor, le rappelle à la surface.
Pas de lyrisme inutile ici. Juste une équation : une énigme comptable, des morts, un frère. Brax. Interprété par Jon Bernthal, toujours brut, toujours sur le fil. Ils ne se parlent presque pas. Mais tout est là : les regards, les gestes, le poids d’une enfance fracassée entre institutions et coups. Bernthal, c’est le feu comprimé. Affleck, la glace tendue. Entre eux, le film creuse sans expliquer, laisse respirer le non-dit, trace une ligne où l’humain et le fonctionnel s’observent sans jamais se confondre.
Gavin O’Connor signe une mise en scène d’une sobriété chirurgicale. Pas un mouvement de caméra de trop. Les scènes d’action, tendues à l’os, frappent par leur économie : efficacité sèche, précision rythmique, tension pure. Le montage ne cherche pas la virtuosité, mais la tension continue. Tout avance, et rien ne déborde. Même la musique de Bryce Dessner épouse ce parti pris : motifs répétitifs, textures minimales, une logique sonore en miroir de l’esprit de Wolff.
Le scénario de Bill Dubuque creuse dans la même veine : la famille, le trauma, l’autisme comme grille de lecture du monde. Mais jamais comme pathos. Tout est structurel. Tout est conséquence. Et le récit, à force de rigueur, devient émouvant. Pas parce qu’il force l’émotion. Justement parce qu’il l’empêche, et que celle-ci, comprimée, finit par fuir par les interstices.
Mr Wolff 2 ne fait pas de bruit. Il ne cherche pas l’applaudissement, ni la provocation. C’est un thriller droit, presque mathématique, qui respecte ses personnages autant que son public. Une suite qui approfondit sans répéter. Et qui, sans en avoir l’air, inscrit Christian Wolff parmi les figures les plus singulières du cinéma contemporain.