Pour son premier long-métrage en tant que réalisatrice, Kristen Stewart choisit l’adaptation de "The Chronology Of Water" de Lidia Yuknavitch. Le film est brut, douloureux, souvent éprouvant, mais aussi traversé de fulgurances étranges, dérangeantes, parfois belles. Ce récit de survie intime est une tentative sincère, habitée, mais inégale. Le montage, éclaté, syncopé, cherche la forme du chaos intérieur. Le spectateur est happé dans un flux tendu, saturé de sons, les bruitages sont omniprésents, agressifs, presque physiques. Très vite, une tension s’installe : on sent que quelque chose va mal tourner, et ce sentiment, plutôt que de lâcher prise, s’étire, s’épuise. On attend sans hâte le pire arriver. Le film ose aussi renverser certains rapports de violence, notamment conjugale. Ici, c’est la femme qui frappe, qui humilie, qui détruit, et l’homme, lui, reste là, désarmé. Il y a cette phrase, glaçante : « Je ne e pas sa gentillesse. » Tout est dit. Stewart filme cette noirceur avec un regard frontal, sans chercher l’excuse ou l’effet. Mais la deuxième moitié du film perd de sa force. On aurait aimé que Stewart coupe plus tôt, laisse place au silence, à une respiration. Reste un film radical, inconfortable, audacieux. Pas totalement réussi, mais impossible à ignorer.