The Surfer nous emmène sur une plage australienne, dans un décor de carte postale… mais on sent très vite que cette belle image ne va pas durer.
Au fil de l’histoire, la tension monte, l’atmosphère devient de plus en plus étouffante, et la mise en scène y participe pleinement. On respire mal, les corps sont filmés de très près, la lumière pèse, les insectes et les oiseaux deviennent presque menaçants. Petit à petit, le paysage idyllique se décompose.
L’homme qui revient sur les lieux de son enfance est agressé. Mais que valent ses perceptions ? Et ses souvenirs ? Quand une mémoire n’a pas été traversée, digérée, que peut-on dire d’un ressenti ? Il se vit comme une victime, mais les autres le voient comme une menace. Il fait peur, les gens le fuient.
C’est un effondrement qu’on regarde, celui d’un homme porté avec une grande retenue par un Nicolas Cage remarquable. On plonge avec lui dans un monde en vrac, jusqu’à cette scène très forte où il semble baptisé par sa douleur. Mais c’est un anti-baptême : au lieu de remonter vers la vie, il descend encore plus bas, dans un gouffre intérieur dont il ne ressort pas. La lumière qui l’entoure est trompeuse.
Parce qu’il n’a pas traversé son histoire, il est avalé par elle, il est happé par son vertige intérieur. Revenir sur les lieux de son é ne guérit pas, si l’on ne peut d’abord affronter la vérité intérieure du souvenir.
Loin des productions hollywoodiennes bien lisses, The Surfer propose un film visuellement dérangeant, mais jamais malsain. Les plans sont parfois flous, déformés, les couleurs saturées… ça bouscule, mais ça dit quelque chose.
Et puis, revoir Nicolas Cage dans un rôle aussi habité, c’est toujours un plaisir. Il continue de surprendre, en changeant de registre avec une vraie finesse.
Tout ce que je veux, c’est aller surfer avec mon fils, c’est tout !