A Dog's Life est le premier court-metrage tourné par Chaplin pour le studio First National. Chaplin est habité par un objectif que son frère Sydney, devenu son agent artistique, expose ainsi à la presse : « Chaplin doit être autorisé à avoir tout le temps et l'argent nécessaire pour produire les films à sa manière… C'est la qualité, non la quantité, que nous voulons ».
Ayant gagné en liberté artistique, Chaplin a pu soigner ce long métrage et il fait opérer à son personnage un tournant. Jusque là, le vagabond pouvait se montrer un brin agressif, riant au dépens des autres, se protégeant du monde ambiant en rendant les coups. Désormais son personnage gagne en douceur, il devient soucieux des autres, il cherche à les protéger et à créer des relations profondes avec eux.
Dans A Dog's Life, le vagabond rencontre un chien errant dans lequel il se reconnaît. Tous les deux forment alors une paire inséparable qui se comprend parfaitement. Il rencontre ensuite une chanteuse de cabaret maltraitée et la prend sous sa protection. Il cherche à la défendre alors que dans ses rôles précédents il ne cherchait qu’à sauver lui-même. Une ouverture à l’autre s’est opérée et elle restera au cœur de toutes les œuvres qui suivront.
Tout en même temps l’humour reste présent, la scène avec le chien caché dans son fond de culotte, par exemple, est désopilante.
Ce mélange entre tendresse, vulnérabilité du personnage, humour et romance est la marque propre de l’œuvre de Chaplin. Pour réunir ces caractéristiques, Chaplin a eu l’idée de faire de son personnage :
comme une sorte de Pierrot. Dès lors j’étais plus libre dans mon expression et je pouvais plus aisément embellir la comédie de petites touches de sentiment. Mais logiquement il était difficile de trouver une jolie fille s’intéressant à un vagabond. Cela a toujours été le grand problème dans mes films. (biographie de Chaplin).
Il a su relever le défi et introduire dans ses œuvres des romances qui ne soient jamais artificielles.
A Dog's Life annonce à travers ses thématiques ses œuvres à venir. Chaplin à trouvé son « ton », le sien et c’est pour cela que ses œuvres nous touchent. Elles sont authentiques et elles ont été mûries dans la profondeur humaine de cet homme qui a osé être lui-même toujours et qui se donnait entièrement à son œuvre.