The Surfer
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The Surfer

Film de Lorcan Finnegan (2024)

The Surfer par Peeping Stork

The Surfer, Lorcan Finnegan, Australie, 2024, 100 min


Lorsque l’on s’introduit dans le monde merveilleux de l’Ozploitation, c’est toujours une aventure palpitante qui s’annonce. Que ce soit bon ou pas, le cinéma d’exploitation australien n’a pas son pareil pour proposer des films audacieux, pour ne pas dire jusqu’au-boutistes, en partant sur des concepts bigarrés et originaux, exploités jusqu’à la moelle. « The Surfer » nouvelle bizarrerie venue des antipodes n’échappe pas à la règle, en invitant à une pérégrination bien étrange, entre l’épouvante et le glauque, l’absurde et le drame, et pour couronner le tout, la tête d’affiche est tenue par Nicolas Cage !


Le point de départ est tout con, un homme (Nicolas Cage) veut emmener son fils surfer sur un spot de son enfance. Sauf que ce spot est la chasse gardée d’un gang de surfers, qui n’autorise pas n’importe qui à chevaucher leurs vagues. S’ensuit à partir de ce point une véritable descente aux enfers pour Nicolas Cage. Sans vraiment d’explication, absolument tout son environnement devient hostile, à la manière de « Long Week End » (1978), l’une des pierres angulaires de l’Ozploitation. Le cadre essentiel du film est un parking de bord de plage, comme il doit en exister au bord de toutes les plages du monde. S’y croisent tout un tas de personnes, que ce soit les surfers, des familles venues profiter du sable fin, un food truck, la police, ou encore un clochard qui vit dans sa voiture, tout ça est très fréquenté.


La où « The Surfer » doit sa principale réussite, c’est dans cette capacité à faire menace d’absolument tout. L’homme interprété par Nicolas Cage (crédite comme The Surfer) est au premier abord un homme qui a réussi. Il a tout pour lui, un travail qui paye, une belle voiture, une future maison sur la côte, une famille, etc., etc., etc… Mais en un clin d’œil tout cela est remis en question. La vie est un équilibre fragile et la réussite ne se trouve pas au même endroit pour tout le monde. Entre les pragmatiques qui suivent un cadre préconçu, où la réussite se traduit par des choses physiques, et ceux qui au contraire pensent que c’est tout l’inverse, et préfère communier avec la nature, quitte à rejeter toute forme de matérialisme.


C’est ici la dualité principale qui s’oppose au cœur du récit de « The Surfer », par le biais d’une plongée dans les méandres de la psyché et de la dignité humaine. Que ce soit l’homme qui perd tout au fur et à mesure, ou bien ceux qui lui font subir une bien machiavélique leçon. Il n’y a pas spécialement de jugement, et c’est ce qui est agréable, il propose une sorte d’état des lieux en faisant appel à l’étrange, qui est encore là une marque de fabrique de l’Ozploitation. Sans être moralisateur, Lorcan Finnegan nous interroge sur notre rapport aux choses, sur nos rêves de réussite et notre cauchemar de l’échec, qui sont intimement liés. Une réussite peut être la somme de plusieurs pertes, quand l’échec peut finalement être une forme de réussite, selon d’où l’on vient, selon qui nous sommes, selon la réelle attente que nous puissions avoir de l’existence.


« The Surfer » n’est pas sans rappeler tout un pan du cinéma d’exploitation australien, à commencer par « Waking Fright », une expérience vibrante de 1972, mis en scène par Ted Kotcheff (réalisateur de « Rambo » !). Il y a une atmosphère propre à ces productions qui perdure encore aujourd’hui, avec des œuvres comme « The Rover » (2013) ou bien même les survivais « Wolf Creek ». Ces atmosphères bizarres où l’on ne sait pas trop ce qui se e, ni ce qui peut arriver, alors que la folie la plus pure s’installe lentement. C’est là une vraie marque de fabrique qui met en confiance et qui rassure (paradoxalement). Si ce n’est pas toujours réussi, c’est très souvent généreux, et le cinéma australien n’a pas son pareil pour distordre la perception pour un faire un théâtre macabre, terrifiant, jamais éloigné d’une certaine réalité.


Le métrage de Lorcan Finnegan se situe dans un entre deux, il alterne les séquences géniales et les idées les plus absurdes, avec des ages à côté de la plaque et des partis-pris douteux. Toujours est-il que la prestation de Nicolas Cage vaut le détour (comme d’habitude quoi), car, encore une fois il est à fond, il croit en ce qu’il fait et c’est communicatif. « The Surfer » a ainsi de nombreux attraits, qui méritent certainement d’y prêter sa curiosité, surtout si l’on est sensible à ce style de Cinéma. Assurément déroutant pour plus d’un/e, c’est typiquement le genre de film qui récompense la patience, avec un final particulièrement intéressant, et étonnement fort, après plus d’une heure éprouvante. Vraiment, c’est le type de petite production osée qu’on aimerait voir plus souvent, une véritable expérience, forte de ses qualités, comme de ses défauts.


Stork._

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il y a 1 jour

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